Installer une centrale photovoltaïque nécessite 2 compétences : celles d'électricien, et celle de couvreur, ce qui rend la tache difficile pour le commun des mortels. De toute façon, pour les installations 36 KVA, nécessitant un emprunt conséquent, les banquiers prêtent rarement si l'installation est effectuée par un particulier.

Grâce à la législation ultra-favorable voulue par l'état depuis quelques années, le nombre de personnes faisant installer des panneaux solaires sur leur toiture a explosé. En effet, les bénéfices sont très importants, et sont équivalents en 2009 à un placement financier offrant plus de 10% de plus value par an. De plus, en 2008-2009, le prix du matériel nécessaire à une centrale solaire a fortement baissé. Nombreux sont ceux qui ont vite compris qu'il y avait là moyen de prendre une partie significative du gâteau offert par l'état, en créant leur entreprise d'installation de panneaux photovoltaïques. Les bénéfices qu'ils peuvent tirer de cette activité n'ont aucune équivalence dans les secteurs du bâtiment, de l'industrie ou de l'artisanat. D'où une véritable ruée vers l'or ; les artisans électriciens, par centaines, se sont lancés dans le métier d'installateurs, sans connaitre grand chose au photovoltaïque, sans avoir la moindre idée du travail de couvreur, mais en ayant rapidement des salaires de chirurgien ou d'ingénieur de grandes écoles. On voit même des personnes n'y connaissant absolument rien se lancer dans ce secteur, attirés par les gains rapides. Les anciens professionnels des pompes à chaleur s'engouffrent également dans le secteur, amenant avec eux leur mauvaise réputation (on ne compte plus le nombre de pompes à chaleur qui ne répondent pas aux attentes de leur propriétaire). Les vendeurs de canapés et de cuisines intégrées trouvent là un secteur encore plus lucratif, et vont utiliser les mêmes techniques de ventes douteuses. Avec aussi peu de compétences dans la plupart des entreprises photovoltaïques, avec des entrepreneurs aussi peu scrupuleux et aussi opportunistes, avec des profils de patrons aussi peu capables de gérer une entreprise, on aboutit a un cocktail explosif.

Le secteur est rapidement devenu aussi glauque et mal fréquenté que les bars imaginés par G. Lucas dans la série Star Wars.

Après une ou deux années d'activité, certaines entreprises coulent, engloutissant les acomptes des clients floués ; les installations non étanches, peu performantes, voire dangereuses se comptent par centaines.

Mais en cherchant bien, en prenant un maximum de précautions, et surtout en prenant tout son temps, on arrive finalement à trouver la perle rare qui va vous faire un prix "équitable" et qui aura toutes les compétences nécessaires. Il m'aura fallu 4 mois, et contacter pas moins de 18 professionnels pour arriver à avoir 2 ou 3 devis sérieux, faits par des entreprises qui m'ont parues crédibles.

Vous trouverez ci-dessous le déroulement de ma recherche :

Vu ce que j’avais lu sur le forum photovoltaïque, je me suis dit que ca allait être folklorique et qu’il allait falloir être prudent. Je n’ai pas été déçu ; le secteur photovoltaïque, faut le vivre pour le croire … sans compter un changement de règlementation en plein milieu de ma recherche. Et encore, dans le petit monde du 36 KVA, on évite les anciens vendeurs de canapés et les pros du démarchage téléphonique.

Pour commencer, j’ai passé une bonne partie des vacances de Noël 2009 à apprendre et à comprendre techniquement les panneaux, onduleurs et autres intégrations, histoire de ne pas se faire enfumer lors des discussions. J'ai découvert que les installateurs étaient avant tout des vendeurs de matériel photovoltaïques, la part installation représentant moins de 20% de leurs factures. Et même s'ils s'en défendent, la quasi-totalité de leur marge se fait sur le matériel ; pas sur leur coeur de métier qu'est l'installation. Il est important d'avoir celà à l'esprit pendant les négociations.

Lorsque j’ai lancé mon appel aux installateurs sur le forum, j’ai été immédiatement contacté par 4 personnes. J’ai vite compris que j’avais affaire à des gens peu sérieux, voire malhonnêtes. L’un d’eux m’a proposé une install à 4.0€/Wc avec des panneaux de provenance douteuse. Un autre, tout feu tout flamme,  me vente ses super-panneaux et transfère mon dossiers à 2 autres installateurs, qui ne donneront jamais suite. Un autre se dit spécialisé dans ce type d’install, me demande des infos, puis disparait à jamais. Le dernier est rejeté, car à l’autre bout de la France. Et visiblement, la plupart ont été depuis bannis du forum. Ca commençait fort !

J’essaie de contacter quelques grosses sociétés du Sud-Est ; aucune ne me répondra.
J’entame alors une grosse recherche sur internet pour trouver des installateurs. Je trouve 5 sociétés proches, entre Valence et Montélimar, ainsi  que la société RCS Photovoltaïque du Gard (qui m’a autorisée à citer son nom) dont le site m’a bien plu. Une société ne répondra pas. Une autre répondra, mais ça semble être la panique à bord, et jamais je ne suis arrivé à leur faire visiter l’habitation.  Une troisième, Vivarais Energie, du sud de l’Ardèche (qui m’a également autorisée à citer son nom), se dit intéressée mais ne donne plus signe de vie par la suite. Le gérant d’une petite société de Valence vient visiter les lieux : gros 4x4, souliers cirés et téléphone portable qui sonne en permanence. Je me rends compte rapidement qu’il n’y comprend rien, et fort arrogant essaie de me vendre des bacs acier pour une fonction pare-vapeur. C’est cela oui… Heureusement, il m’a envoyé quelques semaines plus tard un courrier pour me dire qu’à cause de la nouvelle règlementation il ne pouvait pas répondre à ma demande.  Une société du Vercors me propose ce qu’elle a en stock, des panneaux à pas cher pour un prix de 4.59€/Wc, mais le bénéfice total sur 20 ans n’est pas celui espéré. Il ne souhaite pas me proposer autre chose. Tant pis pour lui. Une personne d’une société de Valence vient visiter la maison et me propose du polycristallin Chinois de faible performance à 5.30€/Wc. Immédiatement Out.  Je commence à me dire que ce n’est vraiment pas gagné…

Je rencontre le gérant de RCS Photovoltaïque lors du salon Energaia à Montpellier. C’est un artisan, et j’ai tout de suite un bon feeling.

Mais je me dis qu’une seule société, ce n’est pas suffisant pour pouvoir négocier efficacement. Je relance donc Vivarais Energies, et je contacte d’autres sociétés. Deux d’Isère, mais qui soit ne répondront pas, soit déclineront.  Une grosse société de Haute Garonne me fera une proposition  techniquement décevante à 28 KWc, à 4.55€/Wc. Après des discussions très productives et une visite sur place, RCS me fait une proposition technique très intéressante de 38 KWc et 33 KVA, mais un peu cher.

Vivarais Energie se réveille enfin et me fait une proposition avec les panneaux qu’ils ont l’habitude d’utiliser, avec un résultat quelque peu décevant et un prix un peu élevé. Je réexplique mon objectif : «obtenir le gain maximum sur 20 ans sans dépasser les 36 KVA » et l’oriente vers des solutions que j’ai cogitées de mon coté. Message bien compris, avec une proposition qui répond exactement à mon besoin, mais avec un prix toujours élevé.

Je contacte aussi une société qui vend le matériel, associée avec un installateur. Prix très intéressant avec 4.33€/Wc, mais suite à visite de l’habitation, je n’ai pas un bon feeling : brouillons, peu expérimentés, intégration bas de gamme, très lents à répondre à mes mails, mauvaise coordination entre les deux parties. Le prix n’est pas tout … je ne donne pas suite.

RCS photovoltaïque se déplace une deuxième fois, avec un couvreur, pour discuter de l’intégration, qui est un peu compliquée sur mes multiples toitures. Très bon contact, toujours aussi professionnel et à l’écoute du client, et une offre réactualisée à 4.60€/Wc.

Vivarais Energie vient un matin visiter mon habitation, et m’impressionne par ses compétences, la justesse de ses remarques et la pertinence de ses solutions techniques.  Il me consacre son après-midi pour me présenter sa société de 11 personnes (créée en 2006), et me fait visiter une de ses installations, de 28 KWc, et une autre - en  cours de réalisation - de  … 950 KWc.  Très sérieux tout ça. Il m’enverra une proposition à 4.46€/Wc pour un peu plus de 39 KWc.

Il m’a fallu alors décider entre ces deux propositions qui répondaient à mon besoin. J’aurais eu plaisir à faire ce projet avec le gérant de RCS photovoltaïque, mais l’autre proposition offrait au moins autant de sérieux, et argument massue, offrait un bénéfice total sur 20 ans nettement supérieur. Au final, c’est donc avec Vivarais Energie que j’ai signé.

Quel parcours du combattant pour trouver un installateur !!!
Une fois éliminés ceux qui sont à l’évidence incompétents, sans expériences ou malhonnêtes, je constate qu’il reste 3 types de sociétés :

  • Les gros, qui ont la science infuse et avec qui il est difficile de négocier techniquement, mais qui  ont des bons prix grâce à leur puissance commerciale.
  • Les petits artisans expérimentés, si possible avec les cheveux grisonnants et qui ne sont pas là pour gagner à tout prix un maximum en un minimum de temps,  avec un relationnel très agréable, parfois très à l’écoute de ce que veut le client, mais avec des prix de matériel qui reflètent bien leur faible puissance d’achat.
  • Les entreprises moyennes, qui peuvent parfois cumuler les désavantages  des deux précédents, et heureusement parfois en cumuler les avantages. Ce sont ces dernières qui sont à mes yeux les plus intéressantes.

Ci-dessous une synthèse de ce qu'il est bon de vérifier avant de retenir un installateur :

  • Demander une copie de son assurance décennale, indiquant clairement l'activité de toiture et d'installation photovoltaïque ; cette dernière couvre tout défaut d'étanchéité pendant 10 ans. Vérifier la somme maxi ou la surface maxi par chantier. Etape compliquée mais indispensable : vérifier que le procédé d'intégration des panneaux est bien couvert par leur décennale. Par exemple, si seuls les procédés validés par l'organisme CSTB sont couverts par la décennale proposée, demander la preuve que le procédé indiqué dans le devis est validé par le CSTB (avis technique AT, DTA ou Pass Innovation). Pour avoir négligé ce point, j'ai perdu pas mal de temps pour assurer mon installation.
  • S'assurer de leur qualification et .
  • Obtenir le numéro de SIRET, et vérifier l'ancienneté et la santé de l'entreprise sur un site du type http://www.societe.com.
  • Le devis doit être le plus détaillé possible (panneaux, onduleurs, boitiers électriques, intégration, etc ...), et doit contenir le coût pour chaque poste ; de toute façon, les banquiers et assureurs l'exigent.
  • Avoir une garantie de 10 ans des onduleurs (ni plus, ni moins).
  • Connaître les garanties pour les panneaux (garantie contre les pannes, et garantie de performance de 80% mini après au moins 20 ans).
  • L'engagement de fournir les flash-list des panneaux.
  • Avoir dans le devis un système de monitoring à distance (fort apprécié par les assureurs).
  • Clarification des démarches administratives comprises ou non dans le devis : déclaration de travaux, ERDF, EDF AOA, Consuel.
  • Clarification sur la part des frais de raccordement compris dans le devis.
  • Avoir les sections et les types de cables utilisés.
  • Clarifier par écrit le sort qui sera réservé aux tuiles et autres éléments de couvertures qui seront retirés du toit.
  • Si un film HPV de sous-toiture est nécessaire (intégration bacs métalliques, SOLRIF, MECOSUN, etc ...), les liteaux et le film doivent apparaitre sur le devis. Idem si des systèmes de ventilation de sous-toiture sont à ajouter.
  • Avoir les détails techniques des coffrets électriques (parafoudres, disjoncteurs, interrupteurs, ...).
  • Avoir un planning ou un échéancier.
Et surtout, ne pas oublier que les promesses orales n'engagent que ceux qui les croient ; faites tout écrire noir sur blanc. Même si une bonne partie des brebis galeuses ont été balayées par l'entrée en application de la règlementation de mars 2011, il faut néanmoins rester très prudent, et il est sage de négocier (par écrit) son échéancier de paiement : ne pas payer plus de 25% à la commande, ne payer le matériel qu'au fur et à mesure de son arrivée sur le chantier, 4 à 5% du montant total ne sera payé qu'après la mise en service de l'installation (s'assurer d'abord pendant quelques jours que tout marche correctement, tout particulièrement au niveau des onduleurs).

 

 

 

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